Claude LATTA

 

Couverture :

CAHIER N° 156

Mario Meunier
(Saint-Jean-Soleymieux, 1880 - Le Crozet, 1960)
Essai d’une biographie intellectuelle

Avant-propos
J’ai consacré en 2010 une première étude à l’helléniste Mario Meunier dans un article de la revue Ô Forez publiée par l’Association des Amis de Saint-Bonnet-le-Château : c’était une « commande » et j’avais pris plaisir à faire les recherches nécessaires et à lire les ouvrages et les traductions de Mario Meunier. J’avais enseigné au lycée Mario-Meunier de Montbrison : ce fut une raison supplémentaire de découvrir plus avant le personnage et surtout son œuvre – qui est immense et reste une œuvre de référence.
Les prises de position de Mario Meunier pendant la seconde guerre mondiale avaient alimenté les controverses, sans qu’on soit vraiment allé aux sources, principalement les articles et prises de position donnés au journal Le Mémorial de Saint-Étienne entre 1940 et 1944. Ayant travaillé, comme historien, sur la Résistance dans le Montbrisonnais, il était intéressant pour moi d’aller, en somme, voir de l’autre côté et de comprendre pourquoi – et jusqu’à quel point – Mario Meunier avait pris parti pour le régime de Vichy. J’ai donc essayé de faire la lumière sur ce sujet, loin, je l’espère, des simplifications abusives.
En 2016, j’ai repris et complété mes recherches, mes lectures et mes réflexions sur l’œuvre et la vie de Mario Meunier. Je reviens aujourd’hui sur l’itinéraire intellectuel et politique de l’helléniste dans une étude dont la taille a doublé par rapport à l’article de Ô Forez. Cette biographie suit le cheminement d’un érudit à travers ses œuvres et, éventuellement, ses prises de position. Elle est accompagnée, en annexe, d’une bibliographie inédite des ouvrages et articles de Mario Meunier. Celle que j’avais donnée au site forezhistoire de Joseph Barou a été largement complétée.

C. L.

Pour conclure
Cette étude a voulu retracer l’itinéraire d’un homme et montrer ce qui, dans son œuvre, immense, multiforme, parfois dispersée dans de nombreuses revues, sert l’intelligence que nous avons d’une civilisation qui fait partie de notre héritage. Il a mis en lumière les étapes d’une vie, traversée comme celle de ses contemporains, par deux guerres mondiales, dont il n’est pas toujours sorti indemne. Il reste beaucoup de points à éclaircir ou de champs à explorer dans une vie marquée par la discrétion : l’interruption de son séjour chez les Bénédictins, sa vie personnelle et familiale, les conséquences de sa captivité, le « tournant » politique de 1943.
Nous avons voulu aussi montrer la complexité d’un homme et le caractère parfois inattendu de son parcours, au-delà de l’image mythifiée du petit pâtre forézien – qu’il n’a été que quelques semaines pendant ses vacances d’enfant – devenu un grand helléniste. L’élève des Maristes, le novice bénédictin, le jeune soldat qui revient du service militaire en ayant renoncé à sa vocation religieuse, le rédacteur de revue en province, le jeune poète, le secrétaire de Rodin qui côtoie les personnages parfois un peu sulfureux de la bohême parisienne – Francis Carco, Valentine de Saint-Point et Isadora Duncan –, le prisonnier stoïque du camp de représailles allemand en Lituanie, l’humaniste érudit et travailleur, le journaliste égaré par la dérive de l’idéologie et par le malheur des temps – la culture ne rend pas forcément lucide en politique –, l’amoureux inconditionnel du Forez et de son patrimoine, le grand helléniste dont les portraits montrent le visage un peu triste, tous ces personnages composent le portrait d’un homme infiniment plus complexe qu’on ne le croyait.

Cahiers de Village de Forez 2016
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