CAHIER n°43

Claude Latta,

La formation d'une classe ouvrière en milieu rural,

Saint-Romain-le-Puy (1893-1914).

A mes amis du Groupe d’histoire locale de Saint-Romain-le-Puy Monique Diaz, Armand Fallone, Jacques Fréry, Madeleine Fréry, Janine Janetta, Maryse Zoffoli,
et à la mémoire de Céleste d’Agostino, qui tous ont participé à la présentation de la communication à plusieurs voix consacrée aux immigrés de Saint-Romain-le-Puy au cours du Festival d’Histoire de Montbrison en 2000.
Je dédie cette étude qui prolonge notre travail commun, en reprenant et en approfondissant plus spécialement l'étude de la période 1893-1914.

Photo de couverture : Saint-Romain-le-Puy, l’usine, le canal et la cité (photo Joseph Barou).

Communication au colloque du Printemps de l’Histoire du Centre social de Montbrison avril 2007

Introduction
Nous avions mené en 1998-2000 dans le cadre du Groupe d’histoire locale de Saint-Romain-le-Puy une recherche sur l’histoire de la verrerie et de la population immigrée de Saint-Romain : à l’origine, un petit groupe de Saint-Romanais, passionnés par l’histoire de leur village et parfois eux-mêmes descendants d’ouvriers immigrés italiens et espagnols venus travailler à Saint-Romain-le-Puy, avaient voulu retrouver l’histoire de leur pays. Ce travail, mené pendant plusieurs mois, a fait l’objet d’une première publication , co-éditée par la Municipalité de Saint-Romain-le-Puy et Village de Forez. Enfin, le travail fait sur les immigrés à Saint-Romain-le-Puy a débouché sur une communication au colloque du Festival d’Histoire de Montbrison. Monique Diaz, Jacques et Madeleine Fréry, Armand Fallone, Céleste d’Agostino, Janine Janetta, Maryse Zoffoli et Claude Latta avaient participé à cette étude, aux recherches et aux collectes de souvenirs qui l’avaient permise.
A l’occasion du colloque du Printemps de l’Histoire 2007, j’ai réouvert mes dossiers de recherche avec l’intention d’approfondir le sujet. Nous avons voulu essayer de comprendre comment, dès la fin du XIXe siècle, une classe ouvrière s’était formée à Saint-Romain-le-Puy dans un milieu rural sans aucune tradition industrielle : je me suis concentré sur la période 1893-1914, de la fondation de la verrerie à la déclaration de guerre. Alors que l’étude faite en 2000 par le Groupe d’Histoire locale portait uniquement sur la communauté immigrée, je me suis demandé aussi d’où viennent les ouvriers français embauchés à la verrerie. Ont-ils été recrutés localement ou sont-ils venus d’autres régions ? Comment les deux communautés ont-elles coexisté ? Comment se sont-elles intégrées ?

Les sources et la problématique de notre étude
Nos sources ont été les suivantes :
- En 2000, les recensements de la population de 1891 à 1914 ont été dépouillés aux Archives départementales : ils ont permis de faire le recensement nominatif des ouvriers immigrés de Saint-Romain-le-Puy et des membres présents de leurs familles.
- Les témoignages collectés par Monique Diaz et ses « co-équipiers » auprès des Saint-Romanais les plus âgés avaient permis de recueillir la tradition orale : souvenirs de l’arrivée, de l’installation, de la vie de ces familles immigrées à Saint-Romain-le-Puy. Il était temps de le faire puisque ces témoignages émanaient souvent de personnes très âgées…
- En mars 2007, aux Archives Départementales de la Loire, j’ai dépouillé dans sa totalité le recensement de 1911 pour partir à la découverte de l’ensemble des ouvriers de Saint-Romain-le-Puy. J’ai aussi dépouillé, à la mairie de Saint-Romain-le-Puy, l’ensemble des actes de mariage des verriers ou des fils et filles de verriers entre 1893 et 1914.
Je me suis posé les questions suivantes : d’où viennent les verriers - français et étrangers - qui arrivent à Saint-Romain-le-Puy entre 1893 et 1914 ? de quels pays et de quelles régions ? quel a été leur parcours, éventuellement, avant d’arriver à Saint-Romain-le-Puy ? Quelle est la composition des familles ? Le lieu d’habitation ?