CAHIER n° 26

Dominique CHEZE

Un passé pour construire

RENAISSANCE DU VIGNOBLE DES COTES DU FOREZ
Leigneuxn - Souvenirs 1947 - 2007

souvenirs de Dominique Chéze, fondateur de la Cave coopérative des Côtes du Forez,
préface de Paul Bouchet, conseiller d'Etat honoraire ;
propos recueillis par Joël Jallon.

co-édition avec le Centre culturel de Goutelas ; 6 euros ; en vente au Centre Social.À la mémoire d'Henri Chèze (1904-1997), mon père, de Jean-Michel (1958-1982), notre fils.
À Marie-Antoinette Duclos, mon épouse,
à notre fils aîné Henri, le deuxième maillon de la dynastie Chèze aux Junchuns,
à Marie-Nicole,à Geneviève,à Daniel ainsi qu’à leurs conjoints.
À nos neuf petits-enfants et à toute notre famille.

Remerciements :
À Paul Bouchet, « inventeur » de Goutelas, pour son amicale préface,
À Joël Jallon qui a eu la patience de m’interroger sur ma vie et de transcrire mes souvenirs,
À Nicole, ma belle-fille, qui a favorisé cette rencontre,
À l’équipe de Village de Forez,
Et aux responsables du Centre Social de Montbrison qui ont permis cette publication.

PRÉFACE
« Un passé pour construire ». Dès le titre nous voilà prévenus. Les « souvenirs » de Dominique Chèze ne sont pas ceux d’un nostalgique regrettant le bon temps révolu, mais bien ceux d’un pionnier conscient d’avoir été « constructeur d’avenir ».
Ce témoignage est d’autant plus convaincant qu’il ne cache pas les difficultés rencontrées, les épreuves et les déceptions parfois profondes.
Mais le doute est absent quant à la valeur du choix opéré et la fierté demeure.
Un tel engagement est salubre en un temps où, face aux mutations accélérées de la société, la morosité générale menace de décourager la volonté d’agir.
En ce sens, l’histoire de la renaissance du vignoble forézien méritait d’être contée car elle peut servir d’antidote.
Si les années soixante comptaient encore parmi les « trente glorieuses » pour la construction et l’industrie, il n’en était pas de même pour notre milieu rural.
Tout au contraire, il n’est pas exagéré de dire que le vignoble forézien était en péril de disparaître ou de ne subsister qu’à l’état de vestige. Le problème foncier et la question de la qualité pesaient sur la production et la distribution.
Je me souviens encore de la réponse méprisante d’un serveur de restaurant stéphanois à qui j’avais commandé une bouteille de Côtes du Forez : «Ici, monsieur, nous ne servons pas de vin de café ».
Et pourtant, quelques années plus tard, bien avant même d’obtenir l’appellation d’origine, le vin de nos côtes apparaîtra sur quelques-unes des meilleures tables de France.
Il n’est pas de renaissance sans pionniers. Dominique Chèze rappelle à juste titre les noms de Pétrus Gaumon et de Pierre Dellenbach, qui, avec lui-même, ont été aux premiers rangs de ce qui fut d’abord une aventure.
Pétrus Gaumon était de tradition vigneronne et Pierre Dellenbach avait une formation d’ingénieur agronome, ce qui les prédisposait à jouer d’emblée le rôle qui fut le leur.
Tel n’était pas le cas de Dominique, ainsi qu’il le rappelle dans la partie biographique de ses souvenirs.

À s’en tenir à l’ascendance masculine, on pourrait s’étonner de voir un petit-fils de mineur d’origine corrézienne et fils d’un professeur agrégé de lettres né dans le Cantal, devenir figure emblématique du vignoble forézien.
Mais le destin a ses bienveillances, qui prirent les traits d’une grand-mère maternelle dont l’attachement au terroir lui faisait espérer la relève par un de ses petits-enfants.
Les qualités de Dominique le préparaient, en vérité, à accéder à ce désir. Son sens inné du contact, sa curiosité d’esprit ouverte aux innovations, son optimisme inaltérable allaient être précieux pour relever le défi.
L’apport irremplaçable de Dominique fut notamment de comprendre que le sort du monde rural ne pouvait se jouer dans l’isolement corporatif mais gagnerait à participer à un mouvement plus large.
En même temps que le vignoble, une vieille demeure, elle aussi en péril, entreprenait, elle aussi, sa renaissance. Dominique fut au premier rang de ceux qui, dès l’origine, participèrent à l’aventure de Goutelas et en assurèrent le rayonnement. Il peut, là encore, en être fier, comme de tous ses combats.

Paul Bouchet