Antoine CUISINIER

CAHIER N° 171

Saint-Marcellin-en-Forez

les Plantée 1911…

un siècle de briqueteries mécaniques

À mon père Bernard CUISINIER (1920-1966)
À ma mère Antoinette CUISINIER- DESTRAS (1919-2015)
briquetiers chez MERLAT-CHETARD
et chez FLECHET (anciennement HORDOT et CHATAIGNON)

 

SOMMAIRE
Introduction p. 3
• De la terre à la brique
• Familles et généalogies
1. Quelques souvenirs sur les tuilerie-briqueteries de Saint-Marcellin-en-Forez
A) Dans les brumes de la prime jeunesse p. 5
B) L’extraction ancestrale de la terre et sa modernisation p. 5
C) La vie quotidienne autour des carrières p. 7
D) Des entreprises nombreuses p. 8
E) La force motrice, la mécanisation p. 9
F) Le pressage des tuiles plates p. 10
G) La cuisson ancienne, M. A. CARVALHO, maître-potier p. 11
H) Le four HOFFMAN, la vente des produits p. 14
2. Géologie – Histoire – Technique
A) Géologie générale p. 17
B) À travers l’histoire p. 20
1. Vestiges antiques
2. La brique dans l’histoire
3. Quelques exemples d’utilisation de la brique
C) Quelques aspects techniques p. 21
1. La fabrication
2. Le four HOFFMAN
3. On économise les ressources
4. L’entretien, les ateliers
D) Des femmes et des hommes p. 30
1. Dans l’usine qui est située juste après le passage à niveau
2. Dans la dernière usine, en direction de Saint-Rambert
3. Des ouvrières et des ouvriers briquetiers
4. Des noms de famille liés à la profession ou à la toponymie
5. Des noms de lieux évoquant cet artisanat
Conclusion. .p. 33
Fonds bibliographiques, fonds iconographiques et remerciements p. 34

Introduction
Cet article n’est pas une étude approfondie des briqueteries des Plantées à Saint-Marcellin-en-Forez mais plutôt un recueil de souvenirs des années après-guerre (1945-1960), période pendant laquelle mes parents, Bernard et Nanou, ont l’un et l’autre effectué un dur labeur, mal rémunéré, pénible à l’excès, 48 heures par semaine plus les heures supplémentaires et le poste de surveillance des fours, la nuit du samedi au dimanche.
L’inspiration et les sources de ce témoignage, je les dois d’abord à mes parents bien sûr, mais aussi à la grande famille solidaire de ces ouvriers briquetiers toujours prêts à se rendre service pour les corvées du quotidien mais aussi à se prêter modestement un morceau de pain, quelques œufs, un peu de farine, toujours d’accord pour une veillée familiale à jouer aux cartes entre voisins des cités jumelles ou pour s’inviter à boire le café, arrosé pour les hommes de rhum Négrita que le père Rouby livrait avec d’autres provisions chaque semaine dans sa Citroën C4 verte d’épicier ambulant.
 DE LA TERRE À LA BRIQUE
La deuxième partie plus technique rappellera à ceux qui ont connu ces temps-là, les lieux où chaque équipe constituée accomplissait les différentes étapes de la fabrication des briques.
 La carrière avec l’extraction, le transport, le broyage et la préparation de l’argile.
 La fabrication des produits dans l’immense espace de l’atelier de production encombré par les mélangeurs, les laminoirs, les surpresseurs, les extrudeuses, les filières, les fourchettes, les chariots de séchoirs.
 La cuisson dans les deux fours Hoffman (le 1er construit en 1911) avec ses équipes d’enfourneurs réalisant le rangement et l’empilement presque artistique des briques, de défourneurs charriant 600 kg de produits sur des véhicules rustiques jusqu’aux cours de stockage, hiver comme été, une semaine sur deux, avec des écarts de températures de 40° à 50° dans le four à moins 10° moins 15° à l’extérieur.
 Les chargeurs, ces hommes qui, à la main, empilaient les briques et les tuiles dans les bennes des camions ou dans les wagons du chemin de fer à la gare, sur la ligne Saint-Étienne-Sembadel.
 Les équipes d’entretien de la forge, de l’atelier de mécanique, de la menuiserie. Des femmes et des hommes qui exécutaient les mêmes tâches et qui, pour vivre chichement, ne renâclaient jamais à la besogne, silencieux, sans visite d’une quelconque médecine du travail, retraités à 65 ans, usés et malades, parfois mutilés et dont les pensions pourtant bien méritées ne permettaient pas de vivre dans une modeste aisance.
C’est avec respect et émotion que je me permets d’évoquer leur mémoire. Les renseignements techniques concernent surtout les usines CANCALON-MERLAT et MERLAT et CHETARD ce dernier établissement où mon père a perdu la vie à 45 ans écrasé par un monte-charge à la sécurité douteuse…
 FAMILLES et GÉNÉALOGIES
Une généalogie succincte de ces familles de patrons briquetiers apportera quelques éclaircissements quant à l’origine de ces fabriques et à l’implantation de ces industriels à Saint-Marcellin.
En 1890, une famille CANCALON dirige des tuileries mécaniques à Roanne et à Mably.
François CANCALON de Roanne, fils d’Armand CANCALON décédé, né le 13-09-1857, fabriquant de céramiques à Mably,
En 1891, François CANCALON est veuf et le 25 juillet 1891, il épouse Marie-Pauline CHETARD de Roanne, sa propre belle-sœur née le 2-11-1855.
En 1892, François CANCALON et Marie-Pauline ont un fils Charles Annet CANCALON né le 17 octobre 1892.
Le parrain de l’enfant est Louis MERLAT, négociant à Roanne âgé de 27 ans. Il existe un lien d’amitié ou de parenté entre les familles CANCALON, MERLAT et CHETARD .
MM. CANCALON et MERLAT apparaissent à Saint-Marcellin à la fin du XIXe siècle. L’un exploite la briqueterie de la côte des Plantées (MILAMAND etc.), puis ensemble la briqueterie située juste après la ligne de chemin de fer Saint-Étienne-Sembadel (HORDOT et CHATAIGNON). En 1911, ils font construire une usine, la dernière située sur la route de Saint-Rambert. M. MERLAT s’associera à M. CHETARD puis poursuivra l’activité sous son seul nom pour vendre enfin l’usine à M. ROBERT industriel de Saint-Étienne dans les années 1950.

Les cahiers de Village de Forez sont publiés par
le Groupe d’histoire locale du centre social de Montbrison.