Daniel Allezina

 
Couverture
Page de couverture : Les épiciers, vitraux des métiers de la cathédrale de Chartres

CAHIER N° 159

En route pour Tombouctou
Pierre Louis Bouchand
de Saint-Georges-en-Couzan
Un Forézien dans les sables du Sahara

Ouverture
Nous sommes à Montbrison, sur un plateau d'échafaudage. Les maçons de l'entreprise Dubost s'activent. Ils jettent le ciment frais sur un mur de la chapelle du collège Victor-de-Laprade. Nous sommes en septembre 1932. La Chapelle est en pleine rénovation, elle n'avait pas été rafraîchie depuis des lustres. Les élèves sont en vacances ! Le supérieur de l'établissement, monsieur Percher, un Montbrisonnais, a décidé d'offrir une fresque aux regards des élèves en prière. Une blouse blanche protège la soutane blanche du peintre en activité, c'est aussi un Montbrisonnais, le frère Marie-Alain Couturier. Il est frère prêcheur dominicain, spécialiste de l'art sacré. Il tient en main le portrait d'un ancien élève, Pierre Louis Bouchand. C'est une figure modèle pour les élèves qui viennent se recueillir. À 27 ans, ce Forézien a été massacré dans les sables du désert saharien, c'était en 1876. Le peintre n'a qu'une vignette de presse pour esquisser le visage du missionnaire. Mais l'artiste revit sa propre expérience, il a vécu la même aventure, il a quitté la vallée du Vizézy pour se donner à la Mission. Le peintre ne s'attarde pas, il faut faire vite quand on trace une fresque ; une fois jeté, l’enduit sèche bien vite. Au fond de lui-même, le peintre revit à plein le parcours du Forézien. Il pense déjà aux autres silhouettes qui vont garnir la galerie de témoins, sur le mur de la chapelle. En dix heures, la fresque est réalisée ; le peintre et le supérieur sont satisfaits.
Depuis 1932, la fresque n'a pris aucune ride, mais le missionnaire forézien est un peu oublié, excepté dans sa famille et dans sa commune natale de Saint-Georges-en-Couzan. Nous allons le sortir de la poussière des sables pour le faire connaître aujourd'hui. Simplement, nous nous demandons comment ce jeune de nos montagnes a pu connaître une destinée remarquable, destinée qui rejoint les tragiques réalités de nos jours.
Mes remerciements vont à tous ceux qui ont permis de réaliser cette mise à jour : la famille qui a encore des documents , la commune de Saint-Georges dans ses relevés du conseil municipal et des actes officiels, les Pères blancs dans leurs archives de Rome et de Paris, et d'autres, parmi lesquels M. Stéphane Prajalas qui s'est penché souvent sur l’histoire de la commune de Saint-Georges-en-Couzan, les employés des archives départementales...

Chronologie de Pierre Louis Bouchand

1829, le 15 février : mariage des parents : Noël Pierre Bouchand et Jeanne Gorand à Saint-Georges-en-Couzan.
1848, le 15 avril : naissance de Pierre Louis au hameau de Vaux, 12e enfant.
1860-1867 : études au petit séminaire de Verrières (Loire).
1867 : études de philosophie au séminaire d'Alix (Beaujolais).
1868-1871 : études au grand séminaire Saint-Irénée à Lyon (La Croix-Rousse).
1869, le 21 mai : tonsuré au service du diocèse de Lyon.
1871, le 19 janvier : ordres mineurs au séminaire de Lyon.
1871, le 3 juin : sous-diacre au séminaire de Lyon.
1871, le jeudi 21 sept. : départ pour Alger pour le séminaire des Missionnaires d’Afrique.
1871, le 3 octobre : arrivée à Alger.
1871, le 18 octobre : entrée au noviciat.
1872, le 16 mars : diacre à Alger.
1872, le 8 juin : prêtre à Alger.
1872, le 1er octobre : serment dans la Congrégation des Pères blancs.
1872, le 22 octobre : en étude et en service à Laghouat.
1875, le 2 juillet : en service à Metlili.
1875, le 28 septembre : décès du père, Noël Pierre âgé de 73 ans, à Saint-Georges-en-Couzan.
1875, le 14 octobre : Pierre Louis apprend le décès de son père.
1876, le 14 janvier : départ pour Tombouctou.
1876, le 20 janvier : mise à mort près d'El-Goléa, dans les sables du Sahara.
1876, le 13 avril (Jeudi Saint) : à Alger, Mgr Lavigerie apprend le décès des trois missionnaires.
1876, le 15 mai : la famille apprend le décès de Pierre Louis.
1884, le 12 avril : décès de Jeanne Gorand, mère de Pierre Louis, à Saint-Étienne chez sa fille Magdeleine Goutte.

Les cahiers de Village de Forez sont publiés par
le Groupe d’histoire locale du centre social de Montbrison.