Couverture : réalisation de Michel Menut avec un cliché de Daniel Baby

CAHIER N° 140

Jean-Jacques Dehan

L'église de Trelins - 500 ans d'histoire - 1515 - 2015

Comité des fêtes de Trelins - Cahiers de Village de Forez - 2015

Notre église

C'est une vieille dame chargée d'ans et d'histoire, parfois majestueuse, parfois coquette quand elle se mire dans les eaux claires du Lignon surveillant les amours d'Astrée et Céladon.
Son clocher a sonné les heures sombres de notre histoire, tocsin, mobilisation, mais aussi ses heures heureuses ou glorieuses.
Sa nef et son chœur se sont remplis de larmes de joie ou de peine.
Pas de recours à un quelconque lifting, seul un peu de sueur ou d'huile de coude ont suffi à lui rendre l'éclat de sa jeunesse.
Si quelques éclairs sismiques, atomiques ou célestes ne viennent briser ses murs de pierre, elle vivra encore 1 000 ans ça c'est sûr et comme le dit si bien le poète : « Objets inanimés, avez-vous donc une
âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? »
Je vous invite à la lecture de son histoire au travers des lignes de Jean-Jacques Dehan, aux racines solidement ancrées dans notre village.

Jean-Paul RAVEL maire de Trelins

Sommaire
Notre église, par Jean-Paul Ravel, maire de Trelins page 2
• Trelins, un lieu habité depuis longtemps 3
• Fondation de l'église 6
• L'église Saint-Maurice 9
• La paroisse 11
• La construction de l'église en 1515 : les comptes du luminier 11
• Le Forez au XVI e siècle et le connétable de Bourbon 18
• Une église du gothique tardif forézien 20
• Que mange le paysan forézien en 1515 ? 25
• L'agrandissement de l'église vers 1850 26
• Les vitraux 27
• Les cloches 28
• Statues et ornements 30
• Les croix 31
• Le cimetière 33
• Le presbytère 34
• Les curés et vicaires 35
• Conflit entre les chanoines comtes de Lyon et le prieur de Randan 39
• Un bel exemple de transmission familiale 41
• Dîmes et revenus du curé 42
• La fabrique 44
• Luminiers et autres fabriciens 46
• Les visites pastorales 48
• La Révolution et les troubles religieux 51
• Une séparation douloureuse : la création de la paroisse de Leigneux 54
• 1905 : loi de Séparation des Églises et de l'État 60
• En guise de conclusion 63
• Sources et bibliographie 64
• Remerciements

En guise de conclusion Au début du XVI et siècle, les Trelinois entreprennent la construction d’une nouvelle église, probablement parce quel’ancienne, qui date déjà de plus de 500 ans, tombe en ruine. Il est facile de s’imaginer qu’il s’agit, pour eux, d’un effort financier très lourd pour une population peu nombreuse et dont le niveau économique est modeste. D’ailleurs on relève, à plusieurs reprises, dans les comptes du luminier, les injonctions du maître maçon qui veut se faire payer, ce qui
démontre bien les difficultés des paroissiens.
Des efforts sont aussi demandés à beaucoup sur un plan concret, manuel. La fabrique doit fournir les matériaux au « pied du mur ». La chaux, les pierres, le bois et tout ce qui est nécessaire à la construction doit être apporté sur place. Les travaux de terrassement sont aussi à la charge des
paroissiens. Les comptes du sieur Matorge, luminier, ne concerne que trois années, mais la construction a dû durer plus longtemps. Il n’y a pas seulement les délais inhérents à la construction mais aussi des pauses par manque de financement.
En tout cas le résultat est probant. Messire Denys Simon de Marquemont, archevêque de Lyon, lors de sa visite de 1614, trouve que l’église est fort jolie et proprement entretenue et en bon estat.
L’église a été longtemps le seul bâtiment propriété de la communauté villageoise. Les habitants s'y rassemblaient, non seulement pour la messe dominicale ou pour une cérémonie de baptême, mariage ou funérailles, mais encore pour tenir des assemblées et prendre les décisions
relatives à la paroisse. Lors des états généraux de 1789 les assemblées pour la rédaction des cahiers de doléances se tiendront souvent dans les églises à l’issue de la messe dominicale. Le curé y transmet les décisions de l’autorité, les édits royaux ou les directives de l’intendant. Les cloches rythment la vie, appellent aux cérémonies et alertent des dangers ou du mauvais temps. Dans un village où il n’existait ni mairie, ni école, ni salle des fêtes, l’église n’était pas seulement un lieu de culte mais la maison commune de tous.
Vers 1850, pour faire face à l’augmentation de la population, l’église de Trelins a été agrandie comme beaucoup d’autres en France. Là encore l’effort financier est celui des paroissiens.
La préparation du 500 e anniversaire a donné lieu à plusieurs travaux d’entretien et de restauration. La statue volée de saint Mathieu a été remplacée et sculptée par Jean-Marc Ranc, compagnon menuisier du Devoir. Les anges manquants de la chaire ont été refaits par Michel Briat,
sculpteur sur bois. Hamaspyur et Vanush, deux artistes arméniens, ont repris des éléments de boiserie et réalisé des ornements pour la porte principale. Beaucoup de Trelinois et Trelinoises ont donné de leur temps pour un grand nettoyage général. L’ensemble des boiseries a été restauré et ciré. Des couches de badigeon ont redonné un peu de couleur aux parties dégradées des murs et des voûtes. La statue équestre de saint Maurice, peu visible, a changé de place et trône désormais bien en vue à l’entrée. Tout cela réalisé bénévolement.
Toute une série de manifestations est organisée pour célébrer l’événement : concerts de musique contemporaine, de gospel, de musique religieuse et de la Renaissance avec un quintette vocal, chants populaires et chœur polyphonique. Des animations théâtrales, visites guidées,
plantation d’un arbre, concours photo et exposition permanente sont aussi prévus. Mgr Lebrun, évêque de Saint-Étienne, célèbrera la messe de la Saint-Maurice, le patron de Trelins. La mobilisation des habitants pour cet anniversaire est assez exceptionnelle et permet de fêter
dignement ces 500 ans. Depuis cinq siècles, les Trelinois ont su conserver et entretenir leur église et, aujourd'hui, ils ont bien raison d'en être fiers.
Sources
– Archives départementales de la Loire ;
– Archives départementales du Rhône ;
– Archives municipales de Leigneux ;
– Archives municipales de Trelins ;
– Archives de La Diana, société archéologique et historique du Forez, Montbrison ;
– Archives de l’archevêché de Lyon ;
– Archives de l’évêché de Saint-Étienne ;
– Association généalogique de la Loire : relevés de registres paroissiaux et d’état civil et autres publications ;
– Archives familiales privées d'habitants de Trelins ;
– Gallica : bibliothèque numérisée de la Bibliothèque nationale de France ;
– Service de l’inventaire du patrimoine Rhône-Alpes.
Bibliographie
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tome deuxième, Saint-Étienne, 1907 ; Inventaire analytique et notices biographiques, Saint-Étienne 1913.
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Dehan (Jean-Jacques), « Les troubles religieux en Forez pendant la Révolution : Jean Patural, prêtre réfractaire,
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Centre d’études foréziennes-La Diana, 1974, Saint-Étienne.
Gonon (Marguerite), Les foréziens à table du XIIIe au XVIe siècle, 1974.
Guichard Georges (sous la direction de), Comte de Neufbourg, Perroy Émile, Dufour J.-E., Gonon Marguerite,
Les Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle, Mâcon, Protat, 1937 à 1944, 24 volumes. Un monument de l’histoire médiévale du Forez : cet ouvrage retranscrit tous les documents connus antérieurs à
l’an 1300, en donne souvent la traduction et les annotations nécessaires à leur compréhension. Une œuvre indispensable pour tous les Foréziens amateurs d’histoire.
Halm (Cindy), Les églises du Forez au XIXe siècle : Leur importance dans le tissu social, tome I, cantons de Boën et Saint-Georges-en-Couzan, La Diana, t. XLII, 2004.
Jacquet (Ambroise), « Recherches pour servir à l’histoire de Chalmazel, cahiers manuscrits écrits entre 1842 et 1875 », transcription de Mme Geneviève Adilon, Cahiers de Village de Forez, no 120, 4e trimestre 2013, Montbrison.
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Linsolas (Jacques), « L’église clandestine de Lyon », tome I : 1789-1794 (publié en 1986) ; tome II : 1794-1795 (publié en 1987), mémoires de l’abbé Linsolas établis par M. le chanoine Jomand, Éditions lyonnaise d’Art et
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