CAHIER N° 134

Claude LATTA

Souvenirs montbrisonnais...

Table
André Mascle (1912-2001) par Claude Latta page 3
En avril 1945, on revient d'Allemagne 7
En 1912, une réforme électorale en chasse une autre 12
Il y a cent ans, la vie montbrisonnaise 14
Montbrison en 1773, il y a plus de 200 ans 17
Montbrison ville de garnison 21
Souvenirs et impressions : un enfant dans la guerre 23
Première audition radio 26
Le visiteur… était-il un d'Urfé ? 29
Le vie montbrisonnaise, il y a quarante ans 31
Pourquoi Montbrison n'a plus sa Fontfort 33
Le président Georges Pompidou… et son ancien camarade de régiment 36
Un président de la République à Montbrison 39
Le maire et ses missions difficiles 40
Comment je connus Montbrison… en 1937 42
Que de métiers disparus ! 44
Peut-on rénover une ville ? 47
En 1950… j'étais visiteur de prison 48

1° trimestre 2015 , 50 pages - format 21x29

André Mascle - (1912-2001)
André Mascle, maire de Montbrison de 1953 à 1962 et de 1965 à 1971, avait donné dix-sept articles à Village de Forez. Au moment où Joseph Barou achève la numérisation des anciens numéros de la revue et où, à cette occasion, nous « redécouvrons » tout ce que nous avons publié, il nous a semblé intéressant de rassembler aujourd’hui ces articles d’André Mascle dans un cahier de Village de Forez.
J’ai connu André Mascle dès mon arrivée à Montbrison en septembre 1965 : nous étions voisins ; en 1967, j’avais mené, dans le cadre du cours d'instruction civique, une classe de 3e à l’hôtel de ville pour le questionner sur la gestion d’une mairie et il avait tenu à nous recevoir dans son bureau, répondant volontiers aux questions des élèves un peu impressionnés. En 1967, sa fille, Thérèse, professeur de lettres devint ma collègue au lycée Mario-Meunier et en 1972-1973, j’eus son fils Jean-Paul comme élève au lycée de Beauregard. Dans les années 1980, la lecture d’un article de souvenirs qu’il avait publié dans Le Monde sur sa captivité dans la forteresse de Cölditz m'avait donné l'idée de lui demander de collaborer à Village de Forez et de raconter sa libération comme prisonnier de guerre en 1945 ; de là, une fructueuse coopération et aussi, de longues discussions sur la politique municipale. Enfin en 1994, il m'avait longuement reçu lorsque j'ai rédigé mon Histoire de Montbrison et que j’ai alors sollicité son témoignage sur la période 1953-1971.
André Mascle et Village de Forez
Après 1985, André Mascle a régulièrement collaboré à Village de Forez, nous confiant des études d’histoire locale ou quelques-uns de ses souvenirs qui sont désormais précieux pour l'histoire de la Cité. André Mascle avait un réel talent de conteur et d’écrivain. Il s’enfermait dans son bureau et rédigeait ses textes sans les montrer avant qu'ils ne fussent publiés : les lecteurs de Village de Forez en avaient ainsi la priorité. Il nous les faisait passer avec son amabilité coutumière et cet humour volontiers « pince-sans-rire », souvent moqueur, qui était sa marque. Il rassembla plus tard ses articles dans un petit volume destiné aux membres de sa famille et à ses amis, ce qui montrait qu'il y avait attaché quelque importance. Il sut évoquer, par exemple, le retour des prisonniers de guerre, son expérience de maire de Montbrison, sa camaraderie avec Georges Pompidou, mais aussi décrire la vie quotidienne à Montbrison dans le quartier de la rue Tupinerie vers 1955-1960, le passage étonnant à Montbrison d’un Canadien anglais qui se prétendait descendant des d’Urfé ou l’arrivée de la radio et du cinéma dans le village de son enfance.
Ingénieur des Arts et Métiers, officier, commerçant à Montbrison
Originaire d’Auvergne, André Mascle était né le 11 juillet 1912 à Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme), fils d'André Mascle et d’Anna Barrat. Il avait fait ses études à Clermont-Ferrand puis à l’école des Arts et Métiers de Cluny (Saône-et-Loire) d’où il sortit ingénieur des arts et métiers. Il avait fait ensuite son service militaire à Clermont-Ferrand, puis à l’école militaire de Saint-Maixent où sont formés les officiers de réserve. Il fut affecté au 92e RI où il avait rencontré Georges Pompidou, le futur président de la République, lui aussi passé par Saint-Maixent.
André Mascle épousa en 1939, à Montbrison, Marguerite Dupayrat, fille de commerçants montbrisonnais. Une fille, Thérèse, naquit l’année suivante. André Mascle fut très vite séparé de la famille qu’il venait de fonder : ce fut la guerre, la campagne de France de 1940, la captivité. Il fut fait prisonnier et envoyé dans la sinistre forteresse de Cölditz, en Allemagne orientale. Jours difficiles, pour le patriote qu’il était et pour le jeune chef de famille séparé des siens, jours de la défaite, de la captivité et de la séparation. André Mascle a évoqué le retour des prisonniers de guerre à Montbrison : « Enfin le train nous emporta, partout nous étions fêtés. A Montbrison, le président Faugère et ses camarades avaient bien fait les choses. Après tant d’années, je leur garde beaucoup de reconnaissance. Certains allaient retrouver leur foyer détruit, mais tous devaient pleurer de peine ou de joie, car lorsqu’une petite fille qui ne vous connaît pas vient au-devant de vous et vous tend les bras, la gorge se serre si fortement… ». Un garçon, Jean-Paul, naquit dix ans plus tard.
Après une brève carrière militaire à Bourges comme officier d'artillerie, André Mascle revint à Montbrison en 1947 où il reprit avec son épouse le commerce de ses beaux-parents, rue Tupinerie, qu’il transforma en Nouvelles Galeries. Il fut vite intégré dans la vie montbrisonnaise d’autant qu’il s’investit dans plusieurs associations caritatives, dont l’Entraide montbrisonnaise ; il fut aussi l’un de ces visiteurs de prison dont le rôle bénévole est difficile et souvent méconnu.