CAHIER n° 125

Claude Latta - Joseph Barou

Les Monuments aux Morts de la Grande Guerre

à Montbrison-Moingt

La mention Mort pour la France et l’origine des monuments aux morts

La mention Mort pour la France n’existait pas avant la guerre de 1914-1918. Elle a été créée par la loi du 2 juillet 1915 qui stipule :
« L'acte de décès d'un militaire des armées de terre ou de mer tué à l'ennemi ou mort des suites de ses blessures ou d'une maladie contractée sur le champ de bataille, de tout médecin, ministre du culte, infirmier, infirmière des hôpitaux militaires et formations sanitaires, ainsi que de toute personne ayant succombé à des maladies contractées au cours des soins donnés aux malades ou blessés de l'armée, de tout civil tué par l'ennemi, soit comme otage, soit dans l'exercice de fonctions publiques électives, administratives ou judiciaires, ou à leur occasion, devra, sur avis de l'autorité militaire, contenir la mention : Mort pour la France. »

La loi de 1915 a été jusqu’à nos jours complétée par de nombreuses dispositions ultérieures élargissant son application.
Cette mention est une récompense morale visant à honorer le sacrifice des combattants et des victimes civiles de la guerre.

Cette mention Mort pour la France est indiquée en mention marginale sur les actes de décès. Le nom des soldats ou des civils morts pour la France peut être inscrit sur le monument aux morts de leur commune de naissance et / ou de leur résidence. Leurs enfants peuvent être adoptés par la nation (« pupilles de la nation »).
La loi du 25 octobre 1919 prévoyait l'institution dans les communes d'un Livre d'or dressant la liste et glorifiant les Morts de la Grande Guerre. Il devait être déposé dans chaque mairie. Un livre d’or de tous les Français morts pour la France en 1914-1918 devait être constitué et déposé au Panthéon. Ce gigantesque travail n’a jamais abouti mais les Archives nationales (site de Fontainebleau) possèdent les listes de « morts pour la France » établies par commune à cette occasion. La liste retenue par les communes a souvent été, au final, différente de cette liste. Ce recensement des morts pour la France dans toutes les communes annonce l'apparition des monuments aux morts de 1914-1918. En effet, si des monuments aux morts de la guerre de 1870-1871 avaient été édifiés, ils l’avaient été en nombre limité (surtout dans les grandes villes), tardivement (dans les années 1890) et, la plupart du temps, sans la mention des noms des soldats morts au combat.

Après la guerre, dans un mouvement qui s’étend très rapidement, la plupart des communes de France se dotent d’un monument aux morts sur lequel apparaissent les noms des martyrs. L'Etat, dans la loi de finances du 31 juillet 1920, fixe le montant des subventions accordées pour la construction des monuments aux morts, sous l'autorité des préfets.

Une première subvention est basée sur le nombre de morts pour 100 habitants et un deuxième versement tient compte de la richesse de la commune. La commune et une souscription publique ont souvent complété la somme nécessaire.