CAHIER n° 113

Claue Latta - Marie-Claudette Thévenet-Merle

Le groupe de Résistance d’Arthun : le comte de Neufbourg, Marguerite Gonon et leurs compagnons

Sommaire :
Claude Latta : « Le groupe d’Arthun » et la Résistance forézienne p. 3
Marie-Claudette Thévenet-Merle : Les compagnons de Résistance du comte de Neufbourg
Notices biographiques p. 34

Le "groupe d’Arthun" dans la Résistance forézienne Claude Latta
Cette communication a été faite, sous une forme résumée, au colloque de Village de Forez qui s’est tenu au Centre social de Montbrison le 28 avril 2012. Elle a été ensuite complétée grâce à l’enquête menée par Marie-Claudette Thévenet-Merle : souvenirs recueillis, de leur vivant, auprès de son père Pierre Merle et de son oncle Jean Merle, notices biographiques des huit membres du groupe de résistance d’Arthun, d’après ces souvenirs et des entretiens (juin-juillet 2012) avec les membres des familles des six autres résistants. Ces notices biographiques sont publiées dans ce Cahier de Village de Forez.

Dans la Résistance forézienne le « groupe d’Arthun » est un cas particulier : il ne se rattache officiellement à aucun mouvement de Résistance. Il s’organise autour de deux personnalités hors du commun, le comte de Neufbourg et Marguerite Gonon. Leurs influences respectives agrègent ou relient au « groupe d’Arthun » quelques-uns des fermiers et des ouvriers agricoles du comte de Neufbourg qui suivent le « maître » dans ses engagements ainsi qu’Hélène d’Havrincourt, une cousine de Neufbourg qui possède un domaine à Pommiers, et les membres de l’équipe des Chartes du Forez formée de grandes personnalités intellectuelles comme Neufbourg et Marguerite Gonon eux-mêmes, mais aussi Edouard Perroy et Georges Guichard. Il y a là une alliance improbable et inattendue. Plus tard, le groupe s’est élargi en direction du mouvement Combat et du mouvement Témoignage chrétien de Feurs auxquels participe Marguerite Gonon, et ses membres se sont – au moins théoriquement – intégrés à l’AS (Armée secrète).
Le centre géographique et stratégique du groupe est le château de Beauvoir, résidence du comte de Neufbourg, situé à Arthun, près de Boën-sur-Lignon. La ferme de Biterne et un village de L’Hôpital-sous-Rochefort servent de bases pour les cachettes d’armes et l’accueil des réfractaires du STO. Le groupe a, par Yvon Morandat, des liens avec la France Libre mais n’en reçoit pas de directives.
Des publications sur le sujet existent : entre autres, les travaux historiques de René Gentgen et les témoignages de Marguerite Gonon donnés à Antoine Cuisinier et, à la demande de Didier Nourrisson, à la revue des Cahiers d’histoire. Mais, en 2008, de nouvelles archives se sont ouvertes : les témoignages du comte de Neufbourg et de Marguerite Gonon, donnés « à chaud » en 1946 au comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale, sont enfin consultables et apportent bien des précisions et des éclairages nouveaux. Ils ont la fraicheur d’un témoignage donné peu de temps après les faits, avant que le temps ait joué son rôle de filtre, parfois déformant, de la mémoire. L’enquête historique menée par Marie-Claudette Thévenet-Merle nous a, en outre, éclairé sur le rôle joué par les paysans d’Arthun membres du groupe de résistance organisé par le comte de Neufbourg et Marguerite Gonon.