CAHIER n°86

Pascal Chambon, Claude Latta, Marie-Claude Mioche, Paul Valette

10 ° Printemps de l'histoire 2010

INTRODUCTION
Claude Latta Les couleurs de l'histoire : des Ségusiaves à la fin de l'Empire contributions à l'histoire du Forez 3
COMMUNICATIONS
Paul Valette Le Forez avant le Forez : le temps des Ségusiaves 7
Claude Latta Le comté de Forez : Un territoire, une lignée, un Etat (XIe - XVe siècle) 37
Marie-Claude Mioche Le XVIe siècle, siècle d'or du Forez 59
Pascal Chambon Le Forez de la Révolution à la période impériale 71
ANNEXE
Claude Latta Le trentième anniversaire de Village de Forez 77

Photo de couverture : blason du Forez, détail de la cheminée monumentale de la salle héraldique de la Diana, à Montbrison

Le trentième anniversaire de Village de Forez

Village de Forez fête son 30e anniversaire et le Printemps de l’Histoire son 10e anniversaire. Maurice Damon, qui est le responsable de Village de Forez m’a demandé, à cette occasion de prendre la parole, sans doute parce que je suis, avec Joseph Barou, l’un des « pères fondateurs » du groupe et de la revue. Un anniversaire, c’est l’occasion de se réunir et je voudrais d’abord vous dire combien nous sommes heureux, Joël Jallon, président du Centre social, et toute l’équipe de Village de Forez de vous accueillir ici, après cette journée bien remplie, pour ce verre de l’amitié.

La création d’une revue d’histoire dans un centre social
Nous nous retrouvons dans ce Centre social qui occupe depuis dix ans les locaux de l’ancienne école Pasteur. Lorsque la revue Village de Forez a été créée, en 1980, nous étions encore rue des clercs. De la rue des clercs à la place Pasteur, en passant par la rue Puy-du-Rozeil, nous avons fait du chemin dans tous les sens du terme : 111 numéros de la Revue, 178 numéros des Cahiers de Village de Forez, 17 Cahiers du bicentenaire de la Révolution française publiés en 1989, 10 Printemps de l’Histoire. Ce chemin est aussi celui du Centre social. Rappelons qu’il a été créé en 1973 et est géré, depuis le début, par une association loi de 1901 - l’une des grandes lois de la République qui assure l’indépendance des associations. Cette création du Centre social s’est faite à l’initiative de la Ville de Montbrison, avec le soutien de la Caisse d’allocations familiales et la participation de membres de la CSF (Confédération syndicale des familles) qui furent consultés : parmi eux, Maurice Plasse, Joseph Barou, André Reynard : il n’était pas alors habituel de fonder un centre social dans une petite ville. Le Centre social devait donc trouver sa place : il l’a fait progressivement en jouant à la fois la carte de la solidarité - ce qui est son rôle spécifique - de la culture, de la démocratie et de l’indépendance en privilégiant l’engagement et le bénévolat, en agissant dans le concret et en ayant toujours la volonté, pour avancer, de réfléchir à sa propre action.
Lorsque Village de Forez a été créé dans le cadre du Centre social de Montbrison, ce fut, une « première ». En 1977, nous avions commencé par créer un Groupe d’histoire locale : nous avons fait des visites et des conférences ; puis nous sommes passés à l’écrit. Citons les fondateurs : Joseph Barou et votre serviteur : nous avons lancé l’idée de cette création. Marguerite Fournier nous apporta son soutien. Claude Beaudinat, André Guillot, Jean-Paul Soleillant, Michèle Sury furent de l’aventure. Il y avait aussi Jean Canard, Jean-Baptiste Chèze, Roger Garnier, Georgette Simonet, Jean Guillot, disparus mais non oubliés. Nous avons aujourd’hui une pensée pour eux.
Nous n’avons pas formé une association. Nous sommes l’une des activités du Centre social, l’une de ses commissions. Nous avons voulu garder ce statut parce qu’il affirme notre appartenance au Centre social. Tout au long de notre Histoire, nous avons pu compter sur son soutien - moral, financier, logistique. Notre gratitude va à tous ceux qui, au Centre, ont soutenu cette « exception culturelle ».
Une expérience originale
Je voudrais dire d’abord ce qui fait, à mon sens, l’originalité de notre aventure.
- D’abord, répétons-le, il y a l’existence même d’une revue d’histoire dans un Centre social. L’histoire est l’un des éléments de cohésion du tissu social et participe à la formation de l’identité collective d’une ville ou d’une région. Nous avons voulu faire connaître davantage aux Montbrisonnais et aux Foréziens l’histoire de leur ville et de leur région et donner aux nouveaux Montbrisonnais des éléments d’intégration. Nous avons voulu aussi donner la parole aux Foréziens pour qu’ils puissent donner leur témoignage ou des récits de vie qui sont des matériaux pour l’histoire.
- Cette création de Village de Forez s’est intégrée dans une politique culturelle d’ensemble : Il y avait déjà au Centre Social un groupe Patois vivant créé par Joseph Barou et André Guillot et qui publiait un Bulletin ; ce groupe existe toujours et rassemble des dizaines de patoisants. Il y eut aussi, à la même époque, une Université Populaire, animée par Jean-François Skrzypczak. Les Soirées du vendredi de Jacques Martinez en prirent le relais. Il y a aussi au Centre social le groupe Vivement Jeudi fondé par Françoise Lafin, le groupe audiovisuel de Jacques Martinez, la Fête du livre pour enfants, avec Danièle Latta et Claudine Damon - et d’autres -, organisée par le Centre social avec le CRILJ, les cours d’histoire et de littérature. L’Université de la vie associative trouve aussi sa place. Nous avons constamment privilégié le partenariat avec d’autres groupes du Centre social ou d’autres associations montbrisonnaises ou foréziennes. Cette année, nous avons tissé des liens avec Feurs et l’Association des Amis du musée et du patrimoine.
Nous avons souhaité que Village de Forez soit un « espace de liberté » qui permette l’ouverture de nouveaux chantiers - y compris dans le domaine de l’histoire contemporaine. La diversité des sujets abordés a été la règle. Ces dernières années, à l’initiative de Maurice Damon, nous avons publié de nombreuses études et des témoignages concernant l’évolution de l’agriculture, le passé, la langue, la vie quotidienne des campagnes foréziennes. Nous nous inscrivons ainsi dans un territoire - d’où la réflexion qui a eu lieu tout à l’heure sur le Forez. Nous avons aussi élargi nos champs de recherche, comme le montrent les thèmes de quelques-uns des récents Printemps de l’Histoire : l’histoire industrielle, la guerre de 1914-1918, l’histoire du sport, l’histoire de la fourme, l’histoire de la Résistance. A côté de la revue semestrielle et des Cahiers de Village de Forez, des collections nouvelles sont apparues : Histoire et citoyenneté et aussi Ecritures qui accueille les poètes du groupe des Compagnons de la Boutasse.
Notre démarche s’est inscrite dans une volonté d’éducation populaire. Nous avons voulu aller vers un nouveau public qui ne venait pas spontanément vers les publications historiques. Notre satisfaction aura aussi été de faire écrire des auteurs qui, sans nos sollicitations et nos encouragements, n’auraient sans doute pas écrit. Nous essayons de rendre leur histoire aux Foréziens. C’est le travail que faisait Marguerite Gonon : Il n’y a pas, disait-elle, de culture sans partage des connaissances.
Nous avons voulu tenir des paris difficiles : offrir des textes de qualité et accessibles à tous ; faire à la fois de la recherche sur documents, recueillir des témoignages et vulgariser cette recherche dans des publications modestes dans leur présentation et dans leur prix de vente : accessibles à tous.
L’organisation : Maurice Damon assure la responsabilité de l’ensemble des activités ; Pierre Drevet et Pascal Chambon ont pris la responsabilité de la revue Village de Forez rénovée et présentée avec soin. Joseph Barou anime, prépare, relit, réalise les Cahiers de Village de Forez. C’est lui qui est, depuis le début, le maître d’œuvre et l’âme de ce travail collectif de 30 ans. Le travail des auteurs et des membres du comité de rédaction est - faut-il le dire ? - entièrement bénévole. Nous ne versons pas de droits d’auteur. Nous sommes cependant largement récompensés : nous avons, en effet, trouvé dans cette aventure le plaisir du travail choisi et partagé, le contact avec des lecteurs, la possibilité d’approfondir notre propre travail, qui heureusement, n’est jamais fini, la possibilité d’être publié - qui correspond à la nécessité et au devoir de transmettre.
L’histoire nous aide aussi à comprendre le présent et à devenir des citoyens. Pas seulement des citoyens dans le Forez. Parler des Foréziens dans la Résistance, c’est parler de toute la Résistance. Publier un cahier sur le programme du Conseil national de la Résistance, c’est élargir notre champ de vision aux problèmes de la France d’aujourd’hui. Evoquer l’expérience des agriculteurs foréziens de la seconde moitié du XXe siècle, c’est parler de l’Europe. En participant, comme le fait le Centre social, à la semaine de la solidarité, nous sommes aussi quelque part des citoyens du monde. Ce sont ces raisons qui expliquent que Village de Forez a pu s’intégrer aux activités d’un Centre social. Il n’y a pas de politique sociale sans une démarche anthropologique et culturelle qui permette de construire l’identité des hommes dans la société. Aimer l’histoire, ce n’est seulement essayer de connaître et de comprendre le passé, c’est aussi agir dans le présent et croire que, par son action, on peut contribuer à l’avenir.
Claude Latta

Collection "Histoire locale"

, Contributions à l'histoire du Forez, - 78 p - Octobre 2010, format 21X29