CAHIER n°74

Marie-Antoinette Vial- Flatry,

Juste des Nations, Boën des enfants juifs cachés (1941-1945),

 

témoignage recueilli et présenté par Antoine Cuisinier, 18 enfants juifs cachés au Nid, une maison d'enfants de Boën créée par une jeune fille...

Le 8 mai rappelle chaque année la capitulation de l'Allemagne nazie et la fin de l'interminable conflit mondial qui dura de 1939 à 1945. Ce fut un jour de joie, de soulagement pour toute la population qui, pendant six ans, avait beaucoup souffert de l'occupation tant matériellement que psychologiquement.
Chaque année, depuis 65 ans, les municipalités organisent une cérémonie solennelle devant les monuments aux morts sur lesquels sont gravés, en lettres d'or, les noms des soldats morts pour la France ainsi que ceux des Résistants volontaires.

En 2009, la municipalité de Boën et son maire M. Lucien Moullier décidaient, au cours de la cérémonie habituelle, d'honorer Mme Vial-Flatry, Juste des Nations, en organisant en sa présence une rencontre avec la population de Boën sur l'esplanade de l'école publique et en apposant une plaque sur la façade afin que les enfants connaissent et n'oublient pas la conduite exemplaire de mademoiselle Flatry, de 1941 à 1945 ; au péril de sa vie, elle cacha des enfants juifs dans un home d'enfants, le Nid, qu'elle ouvrit près de la gare de Boën.
La famille Flatry est honorablement connue dans notre ville où le père de Marie-Antoinette exerça la profession de bourrelier dans la maison qui fait l'angle de la rue des Martyrs-de-Vingré et de la place de la République ; sa maman était sage-femme de réputation.
A l'occasion de la cérémonie, madame Vial-Flatry, proposa aux enfants et aux enseignants de venir témoigner dans les classes s'ils le désiraient. Les témoignages oraux sont une première approche mais, si complets soient-ils, le temps peut les déformer et même les effacer.
Au cours du vin d'honneur offert à la population dans la salle des fêtes, j'engageai la conversation avec madame Vial-Flatry et je lui proposai de bien vouloir témoigner par écrit dans notre revue ; sa modestie naturelle fit que je ne fus pas sûr qu'elle accepterait. Cependant, quelques jours plus tard, je repris contact et elle me reçut à son domicile de Montbrison où après une conversation préparatoire, j'enregistrai son témoignage qu'elle me livra de façon vivante et très sincère ; elle me montra des documents photographiques que l'on retrouve dans cette publication. Puis, je lui soumis à la critique, la transcription de la bande magnétique à laquelle elle apporta les corrections et les précisions qu'elle souhaitait.
Enfin, pour resituer les événements dans le contexte de cette époque troublée, un historique sur le destin tragique du peuple juif est proposé aux lecteurs de ce témoignage émouvant et indispensable.
A. Cuisinier