Couverture : l'ancienne croix de Verte Epine

CAHIER n°69

Paul Gérossier,

Lézigneux, sur le chemin des croix,

En hommage aux constructeurs des croix de Lézigneux et à tous ceux qui ont œuvré pour leur mise en valeur.P. G.

Belle initiative que celle d'établir un inventaire des croix d'un village ! Croix du bourg, du cimetière, des hameaux, croix de mission, croix familiales aussi… Ces modestes monuments constituent une part importante de notre patrimoine. Ce sont les témoins de tout un passé vécu par les gens du pays avec des joies, des peines et des élans de foi.
Voilà ce qu'a réalisé avec bonheur Paul Gérossier avec ce cahier de Village de Forez. Habitant du village où vivaient ses ancêtres, il est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages concernant Lézigneux et est devenu ainsi l'historien de sa commune. Un historien qui agit puisque comme élu au conseil municipal il œuvre depuis longtemps bien concrètement pour préserver les richesses du passé : croix, chapelles, lavoirs… Tous ces petits éléments, parfois inaperçus, qui font pourtant le charme d'un terroir.
A propos des croix de Lézigneux, Paul Gérossier conclut son étude ainsi :
Ces croix ont traversé les ans et les siècles avec les bons et malgré les mauvais jours.
A Lézigneux, on en conserve le respect…
Souhaitons que nos descendants adoptent la même attitude à leur égard.
Remercions-le et espérons qu'il en sera ainsi.
Joseph Barou Village de Forez

un inventaire des croix de la commune pour une valorisation du petit patrimoine,

Avant propos
Les croix aujourd’hui n’évoquent plus que les vestiges d’un passé révolu. Lorsque nos regards se posent sur elles c’est moins par piété que par habitude.
Pourtant, ces croix avaient une raison d’être. La croyance ancrée en nos ancêtres faisait qu’ils ne se séparaient jamais du Christ : sur le mur, sur la porte, sur le puits, sur les chemins, dans les champs. Partout, ils parsemaient la campagne de croix et vivaient ainsi, par intermittence, la passion du Christ.
L’ère industrielle, la désertion de notre campagne par les paysans ont entraîné l’abandon progressif des processions et nous laissent un nombre important de croix minées par les intempéries, envahies par la végétation pour les plus isolées, sans restauration aucune.
Autrefois monuments religieux, aujourd’hui monuments historiques, les croix sont partie intégrante de notre patrimoine.
Du XIIe au XXe siècle, tous les styles (ou presque) sont représentés à Lézigneux.
Erigées par la collectivité ou par des particuliers, elles évoquent aujourd’hui la place importante qu’occupait la religion hier.
Si presque partout on n’élève plus de croix, on voit, ici et là, des restaurations (souvent financées par les monuments historiques).
A Lézigneux, la municipalité a fait restaurer et même sauver un bon nombre d’entre elles.
L’ouvrage très complet de Louis Bernard, Les croix monumentales du Forez et le chapitre court mais très intéressant de Claudius Rochigneux dans Le Forez de nos ancêtres m’ont guidé dans mes recherches, sur l’architecture, l’iconographie, sur chaque style qui correspond à une époque bien précise de construction, sur les coutumes et les croyances liées à ces croix.
Sans la lecture de ces documents, je n’aurais jamais pu me lancer dans cette recherche : que les deux auteurs en soient remerciés.
Ce livre est un inventaire des croix publiques et privées de Lézigneux, plutôt qu’une étude approfondie sur chacune d’elle. Quelques anecdotes issues de la mémoire orale y sont mêlées. Il rectifie les dates erronées lors de restauration, donne quelques noms de commanditaires ignorés de beaucoup d’entre nous, rappelle à la mémoire toutes ces croix qui ont aujourd’hui disparu. Sa seule prétention est de fixer par l’image et par l’écrit leur état et le savoir collectif actuel sur nombre d’entre elles.
Origines
Il est pratiquement impossible d’avancer une origine certaine pour l’édification des croix. Il est connu que le christianisme, en arrivant dans notre région, s’est abstenu de bousculer et de détruire les pratiques du paganisme, mais il les a changées. Lentement, il les a adaptées au christianisme. Un bouleversement qui est finalement une prise de pouvoir et une purification.
On est donc amené à penser que cette pratique d’ériger des croix dans les lieux publics a suivi les pratiques de culte. Il n’en reste aujourd’hui que de rares vestiges en Forez.
Jadis, aux carrefours, étaient élevés des autels aux dieux païens ; c’est à ces autels que les croix ont succédé, lorsque le christianisme a supplanté le paganisme.
Un décret de Valentinien III, rapporté dans le code théodosien, nous fait remonter au Ve siècle pour la période de substitution. En Forez, les traditions et les témoignages archéologiques certifient la venue des disciples de saint Martin à cette époque.
Cette lente métamorphose s’est passée du Ve siècle au VIIe siècle, il y a 1 400 ans.
On peut constater que les croix, essaimées tout au long des chemins pour la majorité, se situent sur le trajet ou aux abords des anciennes voies d’accès. On peut donc aussi imaginer une transformation de bornes miliaires romaines qui portaient des inscriptions à la gloire des empereurs.
De ces lointaines époques, il ne subsiste aucune trace d’érection de croix en Forez, c’est seulement à partir du Xe siècle que l’on trouve des preuves irréfutables en nombre important.
Il est nécessaire de se faire une opinion exacte des lieux où s’élèvent les croix. C’est pour des besoins religieux précis, que l’on retrouve d’un village à un autre, que les croix furent édifiées. Elles ne furent pas élevées au hasard, mais dans des lieux choisis. Nos ancêtres paraissent avoir fait une recherche afin de les ériger aux endroits les plus apparents, les plus stratégiques.

Coutumes et croyances
Les croix rappellent les fléaux de tous genres : épidémies (peste, choléra…), guerres… Elles avaient aussi un rôle pratique : repères sur nos chemins, limites de propriété.
On y venait en procession pour les rameaux, les Rogations, l’Ascension, pour la bénédiction des récoltes et des cultures. On en clouait une sur le linteau ou la porte de la maison. C’était la croix de la Saint-Jean. Le jour de la Sainte-Croix, le paysan enfouissait dans ses champs des croix de bois taillées au couteau puis bénites.
Le matin de son mariage, la future épouse déposait un bouquet de fleurs sur le socle de la croix avant de quitter la maison familiale. On la fleurissait lors des accouchements de proches.
Au XIXe siècle, pour son départ, le militaire était accompagné par sa mère jusqu’à la croix la plus proche. C’est à son pied que se faisaient les adieux. Le conscrit parti, pour sept ans, la mère s’agenouillait et priait pour le salut de son enfant.
Pour les deuils, on entourait le fût d’une écharpe noire. Le cercueil rejoignait l’église sur les épaules des proches du défunt qui s’arrêtaient à toutes les croix du trajet. Elles étaient quelquefois pourvues d’une pierre des morts : une pierre rectangulaire située à la base du socle de la croix sur laquelle était déposé le cercueil. Chaque croix, chaque pierre des morts était une halte pour le cortège où prière rimait avec repos. Avant d’entrer dans le lieu saint, on posait le cercueil sur la pierre des morts de la croix devant l’église. C’est là que le curé et les assistants le rejoignaient et l’escortaient jusqu’à l’intérieur de l’église.
Le paroissien se signait à son passage devant chaque croix. Elle était un lieu de réunion, de rendez-vous, de promenade. Elle servait également de repère, de bornage, sur l’itinéraire du voyageur. Souvent de nos jours, une main anonyme pose un bouquet de fleurs au pied du fût, preuve d’une croyance encore présente.Coutumes et croyances
Les croix rappellent les fléaux de tous genres : épidémies (peste, choléra…), guerres… Elles avaient aussi un rôle pratique : repères sur nos chemins, limites de propriété.
On y venait en procession pour les rameaux, les Rogations, l’Ascension, pour la bénédiction des récoltes et des cultures. On en clouait une sur le linteau ou la porte de la maison. C’était la croix de la Saint-Jean. Le jour de la Sainte-Croix, le paysan enfouissait dans ses champs des croix de bois taillées au couteau puis bénites.
Le matin de son mariage, la future épouse déposait un bouquet de fleurs sur le socle de la croix avant de quitter la maison familiale. On la fleurissait lors des accouchements de proches.
Au XIXe siècle, pour son départ, le militaire était accompagné par sa mère jusqu’à la croix la plus proche. C’est à son pied que se faisaient les adieux. Le conscrit parti, pour sept ans, la mère s’agenouillait et priait pour le salut de son enfant.
Pour les deuils, on entourait le fût d’une écharpe noire. Le cercueil rejoignait l’église sur les épaules des proches du défunt qui s’arrêtaient à toutes les croix du trajet. Elles étaient quelquefois pourvues d’une pierre des morts : une pierre rectangulaire située à la base du socle de la croix sur laquelle était déposé le cercueil. Chaque croix, chaque pierre des morts était une halte pour le cortège où prière rimait avec repos. Avant d’entrer dans le lieu saint, on posait le cercueil sur la pierre des morts de la croix devant l’église. C’est là que le curé et les assistants le rejoignaient et l’escortaient jusqu’à l’intérieur de l’église.
Le paroissien se signait à son passage devant chaque croix. Elle était un lieu de réunion, de rendez-vous, de promenade. Elle servait également de repère, de bornage, sur l’itinéraire du voyageur. Souvent de nos jours, une main anonyme pose un bouquet de fleurs au pied du fût, preuve d’une croyance encore présente.Coutumes et croyances
Les croix rappellent les fléaux de tous genres : épidémies (peste, choléra…), guerres… Elles avaient aussi un rôle pratique : repères sur nos chemins, limites de propriété.
On y venait en procession pour les rameaux, les Rogations, l’Ascension, pour la bénédiction des récoltes et des cultures. On en clouait une sur le linteau ou la porte de la maison. C’était la croix de la Saint-Jean. Le jour de la Sainte-Croix, le paysan enfouissait dans ses champs des croix de bois taillées au couteau puis bénites.
Le matin de son mariage, la future épouse déposait un bouquet de fleurs sur le socle de la croix avant de quitter la maison familiale. On la fleurissait lors des accouchements de proches.
Au XIXe siècle, pour son départ, le militaire était accompagné par sa mère jusqu’à la croix la plus proche. C’est à son pied que se faisaient les adieux. Le conscrit parti, pour sept ans, la mère s’agenouillait et priait pour le salut de son enfant.
Pour les deuils, on entourait le fût d’une écharpe noire. Le cercueil rejoignait l’église sur les épaules des proches du défunt qui s’arrêtaient à toutes les croix du trajet. Elles étaient quelquefois pourvues d’une pierre des morts : une pierre rectangulaire située à la base du socle de la croix sur laquelle était déposé le cercueil. Chaque croix, chaque pierre des morts était une halte pour le cortège où prière rimait avec repos. Avant d’entrer dans le lieu saint, on posait le cercueil sur la pierre des morts de la croix devant l’église. C’est là que le curé et les assistants le rejoignaient et l’escortaient jusqu’à l’intérieur de l’église.
Le paroissien se signait à son passage devant chaque croix. Elle était un lieu de réunion, de rendez-vous, de promenade. Elle servait également de repère, de bornage, sur l’itinéraire du voyageur. Souvent de nos jours, une main anonyme pose un bouquet de fleurs au pied du fût, preuve d’une croyance encore présente.