CAHIER n°52

Claude Latta et Joseph Barou,

Un lieu de mémoire et de vie de la chapelle Sainte-Anne au Temple de Montbrison,

Histoire de la chapelle et de la paroisse Sainte-Anne ; histoire des communautés protestantes de la ville.

Avertissement à la deuxième édition
Le texte dont voici la 2e édition avait été publié en 1996, en partenariat avec l’Eglise réformée de Montbrison : l’inauguration du temple de la rue Marguerite-Fournier avait été l’occasion de recherches faites à la fois sur la communauté protestante de Montbrison et sur l’ancienne chapelle de l’hôpital, devenue temple protestant. Le pasteur Sophie Zentz-Amédro avait donné une préface à ce cahier de Village de Forez. Nous avons reproduit cette préface.
Nous rééditons aujourd’hui ce travail à l’occasion des journées du patrimoine 2008 et de la conférence à deux voix que nous devons faire le 21 septembre 2008, Joseph Barou et moi, à la demande du pasteur Loïc de Putter, sur l’histoire de la communauté protestante de Montbrison et de son temple. Cette édition a été, selon l’expression traditionnelle, « revue et augmentée ». Elle a été l’occasion de mises au point et de compléments – douze ans se sont écoulés depuis la 1re édition – qui tiennent compte de nouveaux documents et de l’évolution de la communauté protestante de Montbrison.
Je remercie Mia Verchère et Sylvie Jacquelin qui m’ont apporté de nombreuses précisions et qui ont bien voulu relire les passages consacrés à l’histoire récente de la communauté.
Préface
Je remercie vivement Claude Latta de me laisser ces quelques lignes pour préfacer cet ouvrage sur la chapelle Sainte-Anne. Les deux articles qui suivent nous montrent combien ce lieu de culte a évolué au cours des siècles, combien il était important tant pour les personnes hospitalisées que pour les gens du quartier. Evolution qui continue encore aujourd'hui puisque ce lieu est devenu, depuis peu, le Temple protestant réformé de Montbrison.
Evolution et ouverture : voilà, me semble-t-il, les deux visées essentielles de ce lieu, visées qui perdurent au cours des temps. Evolution du lieu en fonction des besoins, aménagement, modification, changement de responsable, cette ancienne chapelle a connu bien des bouleversements mais pour être toujours plus ouverte. Autrefois ouverte aux malades, aux pauvres de la ville, aujourd'hui ouverte au monde, à la culture, à l’œcuménisme, à celui qui cherche, à celui qui a envie d'entendre une Parole, une Parole différente, une Parole transcendante, une Parole qui donne la paix.
De la rue de la République au Temple de Montbrison
Les protestants du Forez, comme cette chapelle Sainte-Anne, ont connu eux aussi de nombreuses évolutions. Se réunissant dans de petits locaux, rue de la République, autour des années cinquante, ils ont ensuite emménagé dans deux salles de l'ancien hôpital reconverti en maison des associations. Certains d'entre eux trouvaient enrichissant d'être au milieu des autres associations laïques ; d'être au coeur de la société, dans le monde... Mais d'autres trouvaient ce lieu peu agréable, peu "religieux", devenu trop petit. Alors, après maintes et maintes tractations, après différentes aides de nos amis catholiques dont l'évêque lui-même, de certains élus, la municipalité conduite par le docteur Poirieux consentit à louer à l'Eglise Réformée de la Plaine du Forez cette chapelle laissée à l'abandon depuis 1975.
Avant d'accepter ce lieu la communauté réformée de Montbrison et du Forez a réfléchi à ce qu'elle voulait vivre dans ce lieu. Elle a défini ses priorités : à savoir l'animation des cultes, les actes d'Eglise (baptême, enterrement, bénédiction de mariage) et la vie communautaire (partage, repas...). Ensuite elle a regardé les plans de la chapelle Sainte-Anne et les a confrontés à ces priorités. Avec joie, les personnes réunies ont pu constater que ce lieu, une fois aménagé, pourrait tout à fait les satisfaire.
Après de grandes journées de nettoyage où petits et grands, gens du Forez et de Saint-Etienne, aidèrent à vider, transporter, déblayer les derniers vestiges de vingt années d'abandon, les travaux commencèrent. L'engagement de certains membres, dans le suivi de ces aménagements, fut remarquable, essayant toujours de trouver la meilleure solution pour satisfaire la communauté.

Le premier culte eut lieu, le 17 décembre 1995 comme nous le rappelle Claude Latta dans son article Un événement œcuménique : la chapelle de l'hôtel-Dieu devient le temple protestant de Montbrison : une communauté et son histoire. La communauté rassemblée dans ce nouveau lieu de culte et de vie, beau, lumineux, spacieux et plein d'histoire arrivait à en oublier qu'elle avait vécu ailleurs dans deux toutes petites salles vétustes.
Enfin arriva le jour de l'inauguration. Tous ensemble rassemblés, autorités civiles, réformés, catholiques, dans ce lieu chargé d'histoire et de tractations au cours des siècles, nous ne pouvions que laisser émerger une Parole autre, une Parole qui nous vienne d'ailleurs et qui nous montre le chemin de la communion, du partage, de l'espérance.
Un lieu pour qui, pour quoi ?
Cette Parole, nous l'avons entendue à travers le second livre du juge Samuel au chapitre VII, versets 1 à 8. Cette Parole nous a rappelé que Dieu était nomade et que nous ne pouvions pas l'enfermer, même dans un lieu neuf et beau, même dans un lieu religieux. Cette réponse de Dieu à son serviteur David nous a montré combien ce sont nous, les hommes, les communautés humaines qui avons besoin de ces lieux. Car ils nous sécurisent, nous réconfortent. C'est nous qui avons besoin de lieux calmes, "religieux" pour prier, pour faire des pauses dans nos vies mouvementées, agitées. C'est encore nous qui avons besoin de ces partages, de ces rencontres avec les hommes et les femmes qui cherchent, qui doutent, qui croient pour avancer sur le chemin de notre propre foi.
Cette Parole nous a montré combien nous devions laisser libre Dieu, combien Il nous accompagnait quel que soit le lieu et la route et combien nous devions, nous, protestants, être ouverts.
Ouverts aux hommes et aux femmes, aux chrétiens de confessions différentes, aux personnes qui cherchent, qui sont désarmées, démunies. Ouverts aux enfants pour que ce temple devienne un lieu de vie et qu'il entre doucement lui aussi dans l'histoire... dans la vie du Forez.
Sophie Zentz-Amédro Pasteur Eglise réformée de France Saint-Etienne et Forez