CAHIER n°14

Roger Faure

L'école primaire

Souvenirs d'instituteurs entre les deux guerres

L'école primaire
Apprendre à lire, écrire et compter va devenir le grand souci des gens d’Eglise pour pouvoir lire la Bible, des bourgeois éclairés et des gouvernants du XVIIe au XVIIIe siècle, pour aboutir aux lois de Jules Ferry en 1882.
Après un rappel de l’histoire de l’école, à partir du XVIIe siècle, un résumé de l’organisation de l’enseignement au début du XIXe siècle, nous verrons comment fonctionnait et vivait une maison d’école de campagne, entre 1920 et 1940, avec les souvenirs de mes parents, instituteurs, et ainsi comprendre la vie quotidienne à cette époque dans les écoles primaires.
J’ai, moi aussi, vécu comme élève de mes parents ces moments d’apprentissage. C’est aussi l’époque de l’organisation du métier d’enseignant (on disait encore maître d’école), souvent décrié, la création d’associations pour aider à la scolarisation des élèves et un grand bouleversement dans la vie des campagnes dont les habitants, parlant encore patois, restaient réticents, voire hostiles devant ces nouveautés. L’école ne sert à rien, on n’a pas besoin de savoir lire pour garder les vaches ! disait-on dans les bourgs et les hameaux.
Histoire de l’enseignement
Avant le XVIIe, seuls les curés et quelques maîtres itinérants apprenaient à lire et à écrire aux petits ruraux. C’est Charles Démia (1636-1695) qui créa la congrégation des frères de Saint-Charles en 1666 pour développer l’enseignement à Lyon, dans les classes pauvres. Il avait ouvert 26 petites écoles et un établissement pour former des prêtres enseignants. Il créa aussi la congrégation des sœurs de Saint-Charles pour l’éducation des filles .

Charles Demia (1636-1695) A Saint-Etienne, le curé de la Grand’Eglise, Guy Colombet (1632-1707) s’inspira de ces méthodes pour ouvrir la première petite école le 3 mars 1679, avec 4 215 livres données par les bourgeois aisés de la ville, les autres suivront jusqu’en 1683 . En 1698, Louis XIV prendra un édit sur l’obligation scolaire, mais il fut suivi de peu d’effet.
Comme résultat de l’action des maîtres d’école de Saint-Etienne, on relève, de 1674 à 1710, sur 762 contrats de mariage : les deux signatures des époux sur 145 contrats (soit 19,03 %) ; celle de l’époux seul sur 127 contrats (soit 16,66 %) et celle de l’épouse seule sur 33 contrats (soit 4,33 %). Au total 305 contrats nous montrent une ou deux signatures, ce qui implique que les époux savaient manier la plume d’oie avec dextérité.

D’ailleurs, pour écrire, on utilisait une table, des plumes d’oie qu’il fallait savoir tailler avec soin, du papier et du sable pour sécher l’encre. L’enseignement était rudimentaire. On apprenait surtout à lire en latin sur la Bible, écrire et un petit peu compter. Mais la place la plus importante était consacrée à l’Histoire sainte et au catéchisme. Les prières étaient répétées inlassablement par les enfants .