CAHIER n°012

Albert Cellier

Des Foréziens dans l'enfer du Kemmel 28 avri 1918

Le Kemmel !
Moments de violence directe et rapprochée, paroxysme de mort collective et de souffrance individuelle.
Destins arrêtés, amours mortes, jeunes veuves et jeunes orphelins, parents brisés…
Lecteur ! Votre père, vos grands-pères, peut-être connurent-ils l’enfer du Kemmel ?

Au Kemmel 25 avril 1918
Le 25 avril 1918, 1 361e jour de la Grande Guerre, plusieurs régiments français seront, en quelques heures, anéantis par une violente attaque allemande sur le mont Kemmel, en Flandre belge. Victimes de cette hécatombe, de nombreux Foréziens.

Préludes
Le 21 mars 1918, une violente offensive allemande, en Picardie, inspirée par le Kaiser Guillaume II et commandée par Ludendorff quartier-maître général du généralissime Hindenburg, obtient un succès foudroyant : attaquant au point de jonction des armées anglaise et française, les Allemands menacent Amiens, et la route de Paris leur semble ouverte ; l’offensive ne sera arrêtée que le 1er avril.
Mais, chez les Alliés, c’est une crise de commandement, entre Pétain, qui commande les armées françaises du Nord et dont la priorité est la défense de Paris, et Foch, chef d’état-major général, qui veut contre-attaquer, et Haig, généralissime de l’armée britannique.
Le 26 mars, à Doullens, se tient dans l’urgence une conférence franco-britannique au plus haut niveau : présidée par Poincaré, président de la République, elle réunit Clémenceau, président du Conseil, Foch et Pétain du côté français, Haig, Henri Wilson, chef de l’état-major, et lord Milner, secrétaire d’Etat à la guerre du côté anglais ; face à la gravité de la situation, le principe du commandement unique est arrêté : Foch deviendra généralissime des armées alliées sur le front occidental le 14 avril.
Mais le 9 avril, Ludendorff a lancé une nouvelle offensive : le front anglais est enfoncé : Armentières (le Kaiser y parade le 11) et Bailleul sont occupées, les deux divisions portugaises de l’armée britannique ont été pulvérisées.
Ludendorff a appliqué une méthode d’assaut parfaitement synchronisée entre l’artillerie, les groupes d’infanterie d’assaut et l’aviation. Son objectif est d’atteindre la côte de la Manche derrière Ypres, ville martyre.

La 4e armée allemande de Von Armin progresse jusqu’au 14 avril vers les monts de Flandres. Cette ligne de hauteurs forme un bouclier naturel qui, s'incurvant au Kemmelberg (mont Kemmel – 156 m), se poursuit avec le mont Rouge (143 m), le mont Noir (131 m), le mont Cassel (176 m). S’emparer du mont Kemmel, c’est donc prendre à revers toute la ligne anglaise établie devant Ypres. C’est en outre dominer tout le champ de bataille depuis Ypres jusqu’à l’Yser.
Le mont Kemmel revêt donc une importance capitale dans l’ultime offensive que le Kaiser veut entreprendre pour gagner le littoral, objectif poursuivi vainement depuis bientôt quatre ans : la course à la mer.